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Le café Philo de Nouméa
28 août 2009

résumé session 18 aout 2009 : les nouveaux moyens de la peur ou terrifier pour mieux régner

La problématique qui semble se cacher derrière cette interrogation concerne le domaine politique et la "gouvernance" du peuple. Pour suivre une dichotomie arbitraire et simpliste mais finalement explicite, on gouverne par la Sagesse, l'Intelligence, le Coeur, la Raison et la Vérité, en référence aux exemples prestigieux laissés par l'histoire et notamment l'Antiquité.  Tandis que l'on peut aussi gouverner par la force, la contrainte, la persuasion, la propagande, la ruse, la manipulation et la peur. Ici, les exemples ne manquent pas dans l'histoire contemporaine mais aussi plus ancienne. Notons que malheureusement, c'est souvent un mélange des deux -mais en proportion inégale et défavorable à la première- que nous observons.

Dans nos régimes occidentaux à démocratie pluraliste libérale, il faut dégager des majorités consensuelles pour établir des gouvernements. La peur est un outil privilégié pour obtenir une cohésion momentanée du peuple et ainsi remporter des élections. Le processus est le même lorsque l'on veut faire passer une opération ou une reforme spéciale, soit vis-à-vis du peuple directement soit devant leur chambres représentatives législatives. On peut observer que cette manipulation orchestrée dans les démocraties pour susciter la peur n'est pas du même registre que celle dans les dictatures ou les régimes autoritaires. Dans ces derniers, la force et l'autorité priment sans scrupules et cette manifestation de puissance est un message explicite. La peur sert surtout à écraser la résistance et à réduire toute forme d'opposition en sidérant les esprits.  Dans les fascismes où le jeu démocratique n'implique pas d'avoir l'aval du peuple, la peur ne sert pas tant  à obtenir un consensus pour avoir les mains libres, qu'à témoigner d'une continuité logique de la puissance qui s'impose.

Mais alors, qu'est ce que la peur pour que l'on veuille l'instrumentraliser avec autant d'intelligence? Cette orchestration, cette manipulation demande une finesse et une connaissance subtile tant au niveau psychologique qu'au niveau stratégique. C'est presque un art que de savoir déclencher la peur comme réponse émotionnelle à un stimuli, un message mental, une image, un son... Pensons à cet égard aux maîtres du cinéma qui savent conduire par leur scénario, leur mise en scène, les effets spéciaux et autres bruitages, une émotion comme la peur chez le spectateur.
La peur est un état émotionnel chez l'homme qui atteint son sens de l'équilibre, sa paix intérieure, altèrant sa raison pour mieux le déstabiliser. La peur cours-circuite la tête "froide" et le mental réflexif  pour entraîner un état d'excitation irrationnel qui se situe au niveau du plexus solaire. Le sens critique est émoussé ou complètement évanoui. Il existe bien une réaction psychosomatique neuro-hormonale qui altère même la physiologie: rougeurs, chaleurs ou froid, tremblements, stress, pulsations cardiaques augmentées. A ce niveau, on peut affirmer que la peur affaibli l'homme, le rend disponible à des forces qui le déséquilibre, éventuellement perméable à d'autres messages suggérés, puisqu'à ce moment là, le principe de raison est minimisé voir anéanti.

La peur se décline en différent degré, de la peur panique où l'être est absolument hors de contrôle à la peur sourde et chronique, épaisse et angoissante mais aussi la peur entretenue générant un stress sans incapacité mais obviant la nature joyeuse de l'être. Ce dernier état est des plus profitable puisqu'il permet un fonctionnement de l'homme à demi régime dans lequel on peut intervenir pour le manipuler subtilement. Rappelons que la peur en retirant la paix intérieure et la joie de vivre, prive l'être d'une part de son énergie vitale, et donc le rend disponible.

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La peur est primordialement relative à l'idée de la mort, de la sécurité de soi et de ses proches, de la finitude, du manque. Elle s'étend ensuite aux biens personnels grâce à l'attachement aux biens matériels. L'idée de possessivité est le clef pour comprendre la peur car c'est toujours la négation de cette idée qui entraîne la contrepartie de la peur. En effet, l'idée d'"avoir" un corps, d'avoir une vie, de posséder des enfants, des biens et le fait d'être attaché à cette propriété  entraîne la peur de ne plus les avoir, d'en être privé. Le stress de ce manque déclenche une sentiment particulier, qui aboutit au final à un manque de joie de vivre qui grignote notre bonheur.
C'est aussi l'idée erronée de l'éternité d'une chose, d'un bien, d'une possession ou de la vie qui donne la désillusion et la peur. C'est donc bien les croyances intérieures qui offrent un horizon mental impropre à une vie tranquille et apaisé. Toutes les philosophies, les spiritualités et  mêmes dans une certaine propension les religions, offrent le bagage intellectuel nécessaire pour se désengager de ces fausses interprétations qui conduisent à la peur.

En apprenant qu'après la mort il y a la vie, on ne craint plus la mort. On considérant que les biens matériels ne sont pas importants, on se soucie moins de leur perte, on apprenant à être détaché par rapport aux événements de la vie qui fluctuent invariablement du positif au négatif et inversement, on garde un équilibre et un sérénité propre à conserver la joie et le bonheur. Ces quelques exemples  nous indiquent que la peur est une réaction archaïque inférieure que l'homme qui veut évoluer doit maîtriser. Il est donc question d'éducation pour ne pas se laisser prendre au piège de la peur. Dans les anciennes écoles de mystères de l'antiquité, les futurs initiés devaient apprendre à vaincre la peur sous ses 4 formes majeures : peur de perdre, d'affronter, de l'abandon et peur de la mort.

On enseignait aussi que la peur est un esprit qui quitte le présent et va dans le futur : un temps qui fondamentalement n'existe pas, et cela pour un événement imaginaire. Il ne sert donc à rien de se projeter et d'anticiper une situation jugée -peut-être à tort- comme susceptible d'être "négative" et à laquelle il est instinctif de répondre par le sentiment de peur. L'homme évolué et éduqué reste dans la conscience du présent et de l'instant. Il refuse de se laisser entraîner dans les extrapolations spéculatives. Les fondements des peurs sont souvent  sans réalité. La tête reste claire, lucide, et froide. Le sens critique reste aiguisé dans n'importe quelle situation et ne tolère pas que le jugement soit corrompu par la vibration de la peur et ses humeurs inférieures. L'homme a une raison et c'est ce principe qui doit le guider. Le doute méthodique doit s'ériger en garde fou positif.  Ne parlons pas de la foi et de sa force de conviction balayant la peur, annihilant sa prétention déstabilisante. Face aux pires alternatives, quand la raison elle-même défaille, la foi sauve et bloque toute velléité de la peur.

Qu'une situation présente des aspects difficiles implique qu'on doive la prendre avec philosophie et saisir le défit de les surmonter. Succomber à la peur est retomber dans l'aspect a-rationnel de notre être. Ce n'est pas faire preuve de notre humanité. Que la peur puisse générer un stress  qui déclenche un surcroît de réaction positive est cependant une réalité à ne pas négliger. Mais cette phase doit être ultimement comprise et dépassée elle aussi pour une gestion apaisée de la situation. Face à cet idéal d'une maîtrise de soi, la réalité nous rattrape souvent. Il reste que le principe reste pertinent et que l'on doit tendre vers son accomplissement pour garantir cette paix intérieure qui permet le bonheur.

Que la peur soit aussi éducatrice et initiatrice d'une connaissance à gagner est à prendre en considération. L'analyse de ses peurs donne plus de conscience de soi. Mais la dimension de la peur organisée et construite se pose différemment car elle se donne alors au niveau collectif dans un objectif de manipulation consciente du sujet.


brainwashing   


L'éducation et la culture peuvent donc être des barrières efficaces contre la peur. Pour autant, celle-ci bénéficie de nouveaux outils et surtout de nouveau relais. La diffusion de message - de peur- est rendu aujourd'hui très facile grâce aux médias et à leur interconnexion. TV, radio, presse, internet, téléphone portable, support publicitaire aux formes multiples, le numérique nous enserre. Sa rapidité -voir son immédiateté- de transmission, sa répétition exponentielle emplit les consciences d'une façon fatalement intrusive. La propagande des régimes totalitaires n'arrive pas à la cheville de la saturation que l'on peut subir actuellement.  L'événement du 11 septembre, son orchestration et son exploitation politique est  un exemple parfait de cette puissance. La construction de la "pandémie" H1N1 aujourd'hui l'illustre autrement!

Cette omniprésence d'un message qui se décline sur les plans conscient et ensuite inconscient peut laminer notre résistance intérieure. Sous oublier la puissance d'une psyché collective orientée qui forme une massage d'énergie à laquelle nous pouvons aussi résonner. La psychologie des foules nous enseigne le pouvoir du groupe, en terme de masse mentale ou émotionnelle , pouvant toucher les autres membres encore neutre.

Notons aussi le recours aux travaux scientifiques, les études des sciences humaines au niveaux sociologique, anthropologique, psychologique qui sont exploités pour mieux cibler l'impact d'un message sur l'homme. Le neuro-marketing nous analyse jusqu'au niveau cortical pour mieux nous manipuler et les agences de communication sans scrupules revendent leur savoir faire aux politiques...
On organise la peur d'une manière de plus en plus méthodique, calculatrice, avec des gens rodés, formés et intelligents, bénéficiant de grands moyens. Il est même question de technologies véhiculant des messages sous formes d'ondes aux vertus subliminales. La volonté de maîtriser le peuple plutôt que de l'épanouir et de l'éduquer supérieurement semble sans limite.
Il apparaît évident que la politique de beaucoup reste de terrifier pour mieux régner alors que l'objectif sain consisterait plutôt à illuminer et élever pour mieux gouverner! Bienvenue dans le meilleur des mondes et 1984.


moutons








   
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